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  Pedophilie : Les Verites De Mgr Gaillot

By Propos Recueillis
le Parisien
April 8, 2010

http://www.leparisien.fr/societe/pedophilie-les-verites-de-mgr-gaillot-05-04-2010-874425.php

PARIS, HIER. Mgr Jacques Gaillot reconnait qu’en accueillant, en 1987 dans son diocese, un pretre canadien deja condamne pour pedophilie, il a commis «une erreur».

Consacre pretre en 1961, puis eveque d’Evreux (Eure) en 1982, Mgr Jacques Gaillot a ete destitue par Rome en 1995, en raison de ses prises de position en faveur des exclus et contre les lois Pasqua sur l’immigration. Nomme eveque de Partenia, diocese situe dans la region de Setif (Algerie)… disparu au V e siecle, il symbolise aujourd’hui une certaine liberte de parole.

Alors que l’Eglise catholique est secouee par une succession de scandales pedophiles, ce prelat de 75 ans a accepte de nous raconter comment il a lui-meme ouvert la porte de son diocese, il y a vingt ans, a un pretre pedophile condamne au Canada. Juge en 2005 devant la cour d’assises de l’Eure pour des faits commis en France a partir de 1988, Denis Vadeboncoeur a ecope de douze annees de reclusion criminelle.

En 1987, alors que vous etiez eveque d’Evreux, vous avez accueilli dans votre diocese un pretre canadien qui avait purge une peine de vingt mois de prison pour pedophilie. Pourquoi ?

MGR GAILLOT. A l’epoque, l’Eglise fonctionnait ainsi. On rendait service. On vous demandait d’accueillir un pretre indesirable et vous l’acceptiez. C’est ce que j’ai fait, il y a plus de vingt ans. C’etait une erreur.

Vous connaissiez les raisons de sa condamnation ?

Tres vaguement. Je savais surtout qu’il avait fait un an de therapie et qu’il etait chaudement recommande par des laics ainsi que par son superieur canadien. Dans la lettre ou il me demandait de l’accueillir, ce dernier avait evoque sa condamnation et avait ecrit : « Si vous souhaitez en savoir plus, on vous dira. » Je n’ai pas donne suite.

Vous ne vous etes pas pose de question ?

Je n’avais pas tres envie que Denis Vadeboncoeur exerce dans mon diocese mais, en meme temps, je n’ai pas cherche a en savoir plus sur lui. Pendant six mois, il etait parmi nous, sans attribution precise. Il rendait service, donnait des coups de main a droite ou a gauche, nouait des contacts. Les gens le trouvaient tres sympa. Je me suis dit qu’on pouvait lui faire confiance. J’ai propose au conseil episcopal de le nommer cure. C’est ma deuxieme erreur.

A ce moment-la, pourtant, vous n’ignorez plus rien de son passe...

Le superieur canadien m’avait envoye une deuxieme lettre dans laquelle il detaillait ce que Vadeboncoeur avait commis la-bas. Le probleme, c’est que cette lettre m’est parvenue tardivement. Entre-temps, il avait su se faire apprecier et etait devenu tres populaire.

Qu’avez-vous fait en recevant cette lettre ?

Je suis alle le voir. Nous en avons parle. Il m’a dit qu’il s’etait soigne, qu’il avait change, qu’il s’en etait sorti. Je l’ai cru. J’avais envie de lui donner sa chance. Je n’imaginais pas qu’il puisse etre un pervers.

Avec du recul, que pensez-vous de cette affaire ?

Je n’aurais jamais du l’accueillir. On n’aurait jamais du me le proposer. Je n’aurais jamais du le nommer cure. Mais cette prise de conscience a ete tardive. Quand, en 1995, j’ai ete limoge par Rome en raison de mes prises de position contre les lois Pasqua, j’ignorais qu’il avait recommence. Avant de partir, j’ai simplement signale a mon successeur que ce pretre-la avait un dossier lourd et qu’il fallait veiller sur lui. Les premieres plaintes des victimes ont ete deposees cinq ans plus tard. Mon successeur l’a alors convaincu de se rendre a la justice et l’a lui-meme accompagne au commissariat.

Et quand vous avez appris ce qu’il avait fait dans votre diocese...

Je suis tombe de haut. Cela a ete une grande deception de penser que ce pretre avait eu une double vie. Il allait a plein de reunions avec des pretres, il participait a des tas d’activites. Personne ne m’avait rien dit. Personne ne s’en etait plaint.

Vous avez ete entendu comme temoin a son proces. Un moment difficile ?

Oui. A la barre, j’ai fait profil bas.

Cela pourrait-il se reproduire aujourd’hui ?

Je ne crois pas. Dans l’Eglise, les choses ont change. Maintenant, on s’en remet a la justice. On sort, peu a peu, de cette culture du secret. On est dans une demarche de verite et on ne perd plus de temps. Si un pretre est mis en cause, on fait prevaloir le principe de precaution : on le suspend, sans le condamner, en attendant le jugement. C’est un chemin difficile, auquel on n’etait pas habitue. Mais il est necessaire.

Cette crise peut-elle etre salutaire pour l’Eglise ?

Oui, a condition qu’elle s’en saisisse pour interroger le fonctionnement meme de l’institution. Celibat des pretres, homosexualite, preservatif, avortement, place de la femme : sur toutes ces questions, l’Eglise est en retard, en porte-a-faux vis-a-vis de la societe. Malheureusement, je n’ai pas l’impression que la demarche du Vatican aille dans ce sens. Et, du coup, cette crise ne fait que jeter le discredit sur tous les pretres.

[summary]

Ordained a priest in 1961 and then bishop of Evreux in 1982, Bishop Jacques Gaillot was sacked by Rome in 1995 because of his stance ion immigration laws. He was appointed bishop of Partenia, a diocese located in the region of Setif, Algeria, which disappeared in the fifth century.

While the Catholic Church was shaken by a succession of pedophile scandals, the 75-year-old prelate agreed to tell us how he himself opened the door of his diocese 20 years ago to a convicted pedophile priest in Canada. Tried in 2005 before the Assize Court for acts commited in France from 1988, Denis Vadeboncoeur was sentenced to 12 years in prison.

At the time he accepted the priest in 1987 the church functioned well, he said. If you were asked to host an undesirable priest you accepted it. That's what I did. It was a mistake, he said.

The bishop said he vaguely knew the reasons for his conviction. He has been in a year of therapy and was highly recommended by laity as well as the superiors.

He said he did not really want Denis Vadeboncoeur in his diocese but at the time he did not try to learn more about him. He was in the diocese for six months. The bishop said he thought he could trust him. A senior Canadian church official sent a second letter in which he gave details on what Vadeboncoeur had committed there. The problem was the letter came late. In the meantime, the priest had become very popular.

After receiving this letter he went to see the priest and they talked. He said he had been treated. Gaillot believed him. He said he wanted to give him a chance and never imagined he could be a pervert.

The realization that he should not have accepted the priest came late. When he was sacked by Rome in 1995 because of his stance against the Pasqua laws, he told his successor the priest needed to be watched. The first victims' complaints were filed five years later.

 
 

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