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  Reflexions Ethiques Sur LA Crise Pédophile

LA Croix
September 14, 2010

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2439170&rubId=55352

«Études» et la «Revue d'éthique et de théologie morale» tirent les premières leçons de la crise pédophile

2010 a été pour l'Europe l'année des révélations sur les abus sexuels sur mineurs commis par des prêtres. Après le temps de la stupéfaction et de la condamnation d'actes abjects, vient celui de la réflexion pour tirer des enseignements de ce « tsunami médiatique ».

Dans Études (septembre 2010, 11€), Pierre de Charentenay revient sur les circonstances des révélations et sur la gestion médiatique par l'Église. Les abus sexuels, écrit-il, doivent être resitués dans le contexte de l'évolution culturelle et du « desserrement de la morale traditionnelle ». L'analyse doit être menée pays par pays, parce que les questions sexuelles sont abordées différemment. D'où le décalage temporel entre les États-Unis, là où ont éclaté les premières affaires, et les pays européens. Mis à part le cas de l'Irlande où l'Église s'est longtemps enfoncée dans le déni, les évêques belges, allemands, français ont admis les dérives beaucoup plus rapidement que leurs homologues américains.

Mais au global, conclut P. de Charentenay, la crise pédophile a été dans l'ensemble mal gérée par les responsables d'Église. Après avoir mis longtemps à mesurer la gravité des faits, ils n'ont pas su y répondre immédiatement et avec la fermeté nécessaire, à cause d'un manque de coordination entre responsables. C'est le mode de gouvernance de l'Église qui est interrogé jusqu'à son plus haut niveau, une gouvernance « pas adaptée aux crises comme celle de la pédophilie où il fallait agir vite et de manière coordonnée ».

Penser le prêtre «à la fois comme un Alter Christus et comme un pécheur»

La Revue d'Éthique et de théologie morale (septembre 2010, 18,5€) fait réagir trois personnes d'horizons ecclésiaux et professionnels différents sur la crise pédophile. Guillaume de Prémaré, consultant en communication, souligne le fiasco médiatique d'un Vatican passant à côté d'une règle essentielle de la communication de crise : maîtriser la parole des représentants de l'institution.

Laurent Lemoine, théologien moraliste, rappelle que l'Église a tardivement mesuré la gravité de l'acte et son caractère déstructurant pour le sujet. « L'acte pédophile, écrit-il, n'est pas seulement un péché grave. Il est aussi, et d'abord, un crime exigeant de strictes mesures répressives. » En d'autres termes, le pardon ne dispense pas de la justice. Une justice qui toutefois doit aussi faire en sorte d'accompagner en thérapie les pédophiles et non pas de les stigmatiser.

Enfin, Jean Mercier, journaliste religieux, prenant acte que 2010 fut aussi celle consacrée aux prêtres, prend ses distances à l'égard d'une « vision hypersacralisée du prêtre ». C'est en pensant le prêtre « à la fois comme un Alter Christus et comme un pécheur » que de terribles dérives pourront être évitées.

 
 

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