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ET Le Pardon ET LA Justice Pour Les Victimes D'Abus

By Ricardo Gutierrez
Le Soir
January 19, 2012

http://www.lesoir.be/debats/editos/2012-01-19/et-le-pardon-et-la-justice-pour-les-victimes-d-abus-891345.php

Chaque évêché semble devoir y passer. L'un après l'autre. Méthodiquement. Le juge d'instruction bruxellois Wim De Troy, sanctionné voici peu pour ses méthodes de cow-boy, semble opérer, cette fois, dans les règles de l'art. Et sous le contrôle permanent du procureur fédéral, Johan Delmul.

Reste que les perquisitions à répétition de ces trois derniers jours interpellent. Des catholiques s'en émeuvent. Ils y voient comme un acharnement judiciaire, accusent le juge de « vouloir faire le procès de l'Histoire », d'un passé révolu.

Ces catholiques ont du mal à admettre que la Justice continue à faire son œuvre au moment même où l'Eglise fait enfin amende honorable, s'engage à offrir aux victimes d'abus sexuels prescrits l'opportunité d'obtenir réparation, auprès d'une instance d'arbitrage indépendante.

Il faut saluer l'engagement récent de l'Eglise catholique belge à assumer pleinement sa responsabilité morale. L'acte de contrition des évêques est nécessaire, mais pas suffisant. Leur geste ne dispense pas la Justice d'accomplir pleinement son œuvre.

La page sombre des centaines de crimes sexuels commis par des prêtres et des religieux, en Belgique, ne sera tournée qu'au prix d'un double engagement : cette conversion tardive de l'Eglise, certes, mais surtout l'accomplissement d'une enquête judiciaire fouillée, résolue, sur les éventuels protecteurs.

Acharnement ? Le juge a le droit d'ordonner des perquisitions. Et il n'y a pas trente-six manières de procéder à des saisies. Par ailleurs, l'Eglise dispose des voies de recours nécessaires pour contester les devoirs d'instruction qu'elle jugerait irréguliers ; un droit qu'elle n'a pas manqué d'activer pour annuler les perquisitions illégales de juin 2010. Mais l'intérêt de la société, comme son propre intérêt, devrait l'inciter, cette fois, à laisser le juge mener son travail à terme. Plus aucun doute ne doit subsister.

Si des prélats ont effectivement dissimulé des crimes, s'ils ont couvert des pédophiles, qu'ils en assument la responsabilité pénale et civile. Trop de prêtres, par le passé, ont sévi sans subir la moindre sanction. Ni ecclésiale, ni judiciaire. Trop d'indifférence. Trop de mépris pour les victimes. Elles méritent la résipiscence de l'Eglise. Et personne n'a le droit de les priver du réconfort d'une justice aboutie.




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