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Rome Donne LA Parole Aux Victimes D'Abus Sexuels

LA Croix
February 7, 2012

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Victime à 13 ans d'un prêtre pédophile, l'Irlandaise Marie Collins a été invitée à témoigner au symposium organisé à l'Université Grégorienne sur les abus sexuels.

  • Le colloque international réuni à l'Université grégorienne de Rome, en vue d'améliorer la lutte contre les abus sexuels dans l'Église, s'est ouvert mardi 17 février avec l'audition d'une victime irlandaise.

  • Des responsables américains et sud-africains ont exposé leurs stratégies de lutte contre la pédophilie.

    Rarement un colloque romain aura atteint, d'emblée, une telle intensité dramatique. Ce mardi 7 février, à l'Université grégorienne, devant une centaine de représentants de l'épiscopat mondial, les principaux chefs de dicastère de la Curie romaine, une trentaine de représentants des principaux ordres et congrégations religieuses,

    Marie Collins a pris la parole.

    Violée à 13 ans, il y a cinquante ans, par l'aumônier de l'hôpital irlandais où elle était soignée, elle n'a rien épargné, ni des faits, ni de leurs conséquences, terribles pour sa vie future, à son auditoire, où figurait le cardinal Sean Brady, primat d'Irlande. La « blessure ouverte » décrite par Benoît XVI à propos des abus sexuels dans l'Église a été débridée.

    « J'avais appris qu'un prêtre est le représentant de Dieu sur terre. Ces mêmes doigts qui, la nuit, abusaient de mon corps, le lendemain m'offraient le Saint Sacrement. Ces mains qui tenaient l'appareil photo face à mon corps exposé sont les mêmes qui, le jour, portaient le livre de prières lorsque ce prêtre venait me confesser. » Culpabilité, hyperanxiété, dépression ont assailli Marie Collins, qui a gardé son secret.

    Souffrance

    Trente-quatre ans plus tard, lorsqu'elle a tenté d'en parler à son curé, il lui a dit que tout cela était de sa faute. Dix ans plus tard, nouvelle tentative, auprès de son archevêque. Celui-ci a alors refusé de suivre les directives du Vatican en matière d'abus sexuels, invoquant une « prescription » pour ne pas atteindre à la « réputation » de l'aumônier.

    Une telle « cécité » a été pointée par Sheila Hollins, psychiatre, qui a assisté le cardinal Cormac Murphy-O'Connor en 2011 lors de sa visite apostolique demandée par Rome dans le diocèse d'Armagh (Irlande) : « Le fait que l'on vous blâme pour les abus que vous avez subis représente une souffrance énorme, surtout lorsque ses supérieurs sont incapables de prendre des mesures appropriées. L'absence d'un aveu de culpabilité et d'excuses est le plus grand obstacle à la guérison. »

    Les six erreurs de l'Eglise

    Prenant alors la parole, Mgr Stephen J. Rossetti, psychologue expert auprès de l'épiscopat américain, a pointé les six erreurs commises par l'Église dans ces dossiers : ne pas écouter les victimes et se laisser manipuler par des délinquants ; sous-estimer la fréquence des abus sexuels dans un diocèse ; croire que les agresseurs pourraient être guéris et sans risques ; mal comprendre le pardon pour les agresseurs ; une formation insuffisante des prêtres, notamment en matière de sexualité ; rater les signaux d'alarme. Face à ces erreurs, il propose des recommandations, éprouvées aux États-Unis (lire ci-dessous).

    Dans son message introductif au colloque, au nom du pape, le cardinal secrétaire d'État Tarcisio Bertone s'est inscrit dans cette dynamique : « Soulager les victimes doit être de la plus haute importance pour la communauté chrétienne », a affirmé le secrétaire d'État. Et il a conclu : « Le pape appelle les participants au colloque à s'appuyer sur une large gamme d'expertises pour promouvoir dans toute l'Église une culture forte de soutien et de sauvegarde des victimes. »

    « Rôle central » des évêques

    Ligne aussi soutenue par le cardinal américain William Levada, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, qui a longuement rappelé les exigences posées par Rome, très attentive au « rôle central » que doit jouer l'évêque dans ces affaires : coopération obligatoire avec les autorités civiles, attention aux victimes, meilleures formation et sélection des prêtres. À l'issue de la journée, Marie Collins s'est dite « confiante dans le changement d'attitude de l'Église, voulu par le pape ».

    Mardi soir, ce changement devait trouver une traduction symbolique et concrète dans la demande de pardon adressée aux victimes, à l'église Saint-Ignace, par sept représentants d'institutions ecclésiales ayant failli.




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