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" Le Silence Des Eglises" : Une Fiction Choc Sur France 2

Le Mondo
April 8, 2013

http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/04/05/le-silence-des-eglises-une-fiction-choc-sur-france-2_3154839_3246.html

Florian Vigilante (Gabriel Goffin, enfant) et Robin Renucci (Père André Vincey).

Gabriel (Robinson Stévenin), 27 ans, est un homme coincé dans une souffrance dont il n'est jamais parvenu à se libérer. Il y a quinze ans, il fut contraint à une relation amoureuse et sexuelle avec un prêtre, le père Vincey (Robin Renucci), directeur de son école religieuse. Ce secret, il ne l'a confié à personne, pas même à sa mère. S'estimant à la fois victime et complice, il s'est muré dans un silence qu'il décide de rompre, après un accident de voiture dans lequel son fils a failli mourir. Gabriel retrouve le père Vincey, affronte l'institution, se heurte au pouvoir de l'Eglise, mais aussi au déni des uns et des autres, notamment, des parents de certaines victimes.

Le téléfilm réalisé par Edwin Bailly retrace ce combat, tout en remontant dans le temps, afin de raconter la façon dont s'effectue ce glissement progressif du désir vers l'acte criminel. Le père Vincey se présente, en effet, sous un jour séduisant, homme généreux, attentif et prévenant. A l'égard du petit Gabriel (excellent Florian Vigilante), il ne fait preuve d'aucune brusquerie mais use d'une tendresse qu'il convertit subtilement, jusqu'à faire croire à l'enfant que ce lien leur a été envoyé par Dieu et doit demeurer leur secret.

FORCE, TÉNUE ET TÊTUE, DU FILM

Le scénario de Thierry Dubroux, qui s'est appuyé sur de nombreux témoignages, ne dérape jamais, conserve une pudeur qu'a également adoptée le réalisateur, Edwin Bailly, dont la beauté formelle des images garde à distance toute dérive licencieuse. Le Silence des églises ne montre rien – ni gestes déplacés ni regards malsains. C'est la force, ténue et têtue, du film. Une force qui trace un chemin droit comme la justice, celle "des hommes" qui, à la fin de l'histoire, finit par triompher sur celle de l'Eglise.

Robinson Stévenin dit s'être fié à son instinct pour aborder le rôle de Gabriel adulte. Il ne s'est pas trompé. Concentrant dans ses yeux toute l'émotion et la tension de son personnage – parfois aussi, dans le souffle court et la mâchoire qui se crispe –, le comédien exprime un abîme dont, seule, la parole réussira à le délivrer.

De son côté, Robin Renucci explique avoir abordé le père Vincey comme "un salaud qui souffre mais pour lequel n'avait aucune compassion". Un jeu simple, nuancé d'une douceur retenue, construit un personnage à l'abri de tout soupçon. En revanche, quinze ans après les faits, seul, vide et abîmé, ne se souvenant pas de ce qu'il a fait, il s'est réduit à une pauvre silhouette voûtée qui arpente les rues de la ville. Tel un fantôme hanté, à jamais, par ses démons.




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