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Pédophilie : le cardinal Pell reconnaît les erreurs de l’Église

By Gauthier Vaillant
La Croix (France)
February 29, 2016

http://www.la-croix.com/Religion/Monde/Pedophilie-le-cardinal-Pell-reconnait-les-erreurs-de-l-Eglise-2016-02-29-1200743329

Depuis Rome, le cardinal Pell prête serment sur la Bible avant d’être interrogé par l’avocate générale Gail Furness, de la « commission royale pour la réponse institutionnelle aux abus sexuels sur enfants », à Sydney, lundi 29 février 2015.

L’ancien archevêque de Sydney était entendu par une commission chargée de faire la lumière sur les affaires de pédophilie qui ont secoué l’Église australienne dans les années 1970.

Il est 8 heures à Sydney, et 22 heures à Rome, quand le cardinal George Pell, 74 ans, apparaît sur l’écran géant installé dans la salle d’audience de la commission chargée d’enquêter sur les crimes pédophiles en Australie. Le cardinal australien, préfet du secrétariat à l’économie du Vatican, s’exprime depuis l’hôtel Quirinale, à Rome. Sa santé l’a empêché de faire le déplacement. Quinze victimes, elles, se sont rendues à Rome et sont assises face au cardinal.

Ces audiences, qui dureront jusqu’à jeudi, doivent lui permettre de prouver son innocence, qu’il a toujours clamée. L’ancien archevêque de Sydney est accusé d’avoir couvert un prêtre pédophile coupable d’une cinquantaine d’agressions, Gerald Ridsdale, avec lequel il a habité quelques mois au début des années 1970. Il est aussi accusé d’avoir acheté le silence d’une victime.

« C’était il y a très longtemps, je ne me souviens d’aucune plainte »

L’avocate générale, Gail Furness, entame les 4 heures d’audience. « Il semble y avoir une constante dans ces affaires, c’est l’inaction des personnes en position d’autorité… », lance-t-elle. « Je ne suis pas là pour défendre l’indéfendable, intervient alors le cardinal. L’Église a fait d’énormes erreurs, et fait son possible pour les réparer. Mais en de nombreux endroits, et sans aucun doute en Australie, l’Église a aggravé les choses, abandonné des personnes. »

C’est sur le début des années 1970 que porte l’essentiel de l’audience. À cette époque, George Pell est prêtre dans le diocèse de Ballarat. À partir de 1973, il devient vicaire épiscopal pour l’éducation. Lui a-t-on alors rapporté des cas d’abus sexuels dans les écoles ? « C’était il y a très longtemps, je ne me souviens d’aucune plainte de ce type… Normalement, ce n’est pas à moi qu’elles auraient été adressées… Je ne m’en souviens pas, mais ma mémoire peut me jouer des tours. » Une réponse qu’il donnera à nouveau des dizaines de fois, à mesure que Gail Furness dresse la longue liste des gens qui, dans son entourage, ont avoué avoir été au courant.

Son évêque, Mgr Mulkearns, a couvert un prêtre, John Day ; quatre Frères des écoles chrétiennes ont agressé des enfants dans deux écoles… Mais même si le cardinal a parfois entendu « des rumeurs », il assure avoir toujours cru les démentis. « Quand un prêtre niait de tels actes, j’avais une forte propension à croire sa version des faits. L’instinct était de protéger l’institution du scandale », reconnaît-il. Jamais en revanche il ne prononcera les mots « abus sexuels ».




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