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L’Eglise de France veut mieux prévenir les dérives pédophiles

By Cécile Chambraud
Le Monde
April 12, 2016

http://www.lemonde.fr/religions/article/2016/04/12/l-eglise-de-france-veut-mieux-prevenir-les-derives-pedophiles_4900553_1653130.html

Le cardinal Philippe Barbarin, le 3 avril à Lyon.

Agir pour ne plus laisser le champ libre à la critique et au soupçon. Après des semaines de tourmente déclenchée par une affaire de prêtre pédophile dans le diocèse de Lyon, les représentants de l’épiscopat français ont décidé de prendre l’initiative. Le conseil permanent de la Conférence des évêques de France (CEF), réuni depuis lundi 11 avril, devait annoncer, mardi, un ensemble de mesures destinées à prévenir les dérives pédophiles dans l’Eglise, à améliorer la prise en compte des victimes par l’Eglise catholique et à clarifier la conduite à tenir dans les cas de faits anciens dénoncés des années après avoir été commis.

Après la mise au jour des agressions sexuelles perpétrées par le Père Bernard P. sur de jeunes scouts dont il avait la charge entre 1971 et 1991, à Sainte-Foy-lès-Lyon, après les questions soulevées par la façon dont le diocèse de Lyon a géré son cas depuis lors, l’épiscopat a mis longtemps à comprendre qu’il ne pouvait se contenter de mettre en avant sa prise de conscience du problème de la pédophilie depuis quinze ans. Celle-ci avait fait suite à la condamnation de l’évêque de Bayeux, Pierre Pican, en 2001, à trois mois d’emprisonnement avec sursis pour non-dénonciation de faits de pédophilie commis par un prêtre de son diocèse, René Bissey, lui-même condamné à dix-huit ans de réclusion en 2000.

« Il y a eu un énorme travail fait depuis quinze ans, a répété Stanislas Lalanne, évêque de Pontoise, à Lourdes, lors de l’assemblée plénière du mois de mars. L’année 2000 a été un tournant décisif. Il y a eu une prise de conscience des évêques sur ces crimes. » En novembre 2000, dans une déclaration solennelle, l’épiscopat avait affirmé qu’un évêque « ne peut ni ne veut rester passif, encore moins couvrir des actes délictueux » et que « les prêtres qui se sont rendus coupables d’actes à caractère pédophile doivent répondre de ces actes devant la justice ». Puis la CEF avait rédigé, en 2002, un guide intitulé Lutter contre la pédophilie, réédité en 2010. Ce texte rappelle que la loi oblige à informer la justice « chaque fois que quelqu’un a connaissance de faits précis concernant des abus sexuels sur mineurs ». « Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a rien à faire lorsqu’il n’y a que des soupçons », ajoute le guide.

« Entendre les victimes »

Au cours des dernières semaines, l’épiscopat catholique a d’abord semblé considérer que ce travail était suffisant. Mais à l’évidence, ce raisonnement n’était plus tenable. « L’idée, aujourd’hui, c’est de dire : malgré nos efforts depuis quinze ans, qu’est-ce qui ne va pas aujourd’hui ? », souligne une source à la CEF. Il y a un mois, l’assemblée plénière des évêques, à l’occasion de laquelle le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, a tenu une conférence de presse sur sa gestion de l’affaire du Père Bernard P., a donné mandat au conseil permanent de la CEF de préparer des décisions.

Après cette assemblée de Lourdes, Georges Pontier, le président de la CEF, et les autres membres de l’exécutif de cette instance, ont, comme chaque année, rencontré le pape François, le 7 avril. Mardi, dans une tribune au Monde, l’archevêque de Marseille reconnaît « la possibilité que nous n’ayons pas géré toujours les situations de la meilleure manière ». Sur les « faits anciens dénoncés récemment, ajoute-t-il, il nous appartient d’entendre les victimes avec respect, de saisir la justice ». Comment ? C’est l’objet de la réunion au sommet de l’instance de coordination des évêques.

 




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