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Barbarin reconnaît «des erreurs dans la gestion et la nomination de certains prêtres»

Le Progres
April 25, 2016

http://www.leprogres.fr/rhone/2016/04/25/pedophilie-barbarin-reunit-ses-pretres-pour-faire-le-point

Le père Christian Delorme arrive à la réunion ce lundi en la chapelle du Centre Valpré d’Ecully. Quelque 220 prêtres ont participé à cette rencontre à huis clos.

Le cardinal Barbarin.

Le cardinal Barbarin a reconnu que le diocèse de Lyon avait commis «des erreurs dans la gestion et la nomination de certains prêtres», selon un communiqué publié à l’issue d’une réunion du clergé lyonnais sur le sujet.

L'Eglise a manqué à "ses obligations"

Dans un communiqué ce lundi, «Le cardinal a notamment reconnu que le diocèse avait commis des erreurs dans la gestion et la nomination de certains prêtres».
«Il est apparu que, dans la connaissance de certains faits, on n’avait pas tous les éléments. Nous avons manqué à nos obligations d’investigation, de recherche de la vérité», a souligné lors d’une conférence de presse à l’évêché Yves Baumgarten, vicaire général modérateur du diocèse.

Interrogé sur d’éventuels appels à la démission du cardinal, le vicaire a répondu que certains prêtres étaient favorables à une mise en retrait le temps des enquêtes judiciaires, mais que la grande majorité d’entre eux était favorable à la poursuite de la mission de l’archevêque.

Mgr Barbarin, parmi d’autres responsables religieux, est visé par deux enquêtes pour non-dénonciation d’agressions sexuelles.

 

Une cellule d'écoute mise en place
Le diocèse a annoncé la mise en place d’une cellule d’écoute et d’un collège d’experts, déclinaison locale d’une série de mesures lancées mi-avril par l’Église catholique de France afin de faire la lumière sur la pédophilie dans ses rangs, y compris sur les faits les plus anciens.

Ce collège composé d’un magistrat, d’un psychiatre, d’une psychanalyste, d’un médecin, d’un canoniste, d’une assistante sociale, d’un père et d’une mère de famille ainsi que du vicaire général modérateur, va «étudier et analyser le cas de certains prêtres dont la situation est problématique au regard de leur activité pastorale, de la loi civile ou canonique dans le domaine affectif et sexuel».
Ce collège rendra ses avis le 30 juin.

Fragilisé par des affaires de pédophilie et d’agressions sexuelles dans son diocèse de Lyon, qu’on lui reproche de ne pas avoir dénoncées à la justice, le cardinal Barbarin réunissait lundi, à huis clos, les prêtres de l’évêché pour évoquer le sujet.  Deux cent vingt prêtres ont participé à cette réunion. Une victime du père Preynat, mis en examen en janvier pour des agressions commises sur des scouts lyonnais il y a plus de 25 ans, la principale affaire qui secoue le diocèse depuis quelques mois, est venue témoigner devant les prêtres, selon le communiqué du diocèse.

Les religieux avaient été conviés en la chapelle du Centre Valpré d’Ecully, dans la banlieue lyonnaise, pour faire le «point sur les affaires en cours», les décisions «déjà prises» et les «orientations nouvelles».

«Ce que j’attends, ce n’est pas compliqué, c’est que des décisions soient prises pour l’avenir, pour que tout se passe au mieux et que l’on soit dégagé de cette affaire», a commenté à son arrivée Mgr Jean-Marie Jouham, délégué épiscopal, avant d’éluder la question d’une éventuelle démission du cardinal: «Je ne suis pas le pape et je ne suis pas dans sa conscience !».

Pour Jean Lacombe, prêtre à Villeurbanne, l’archevêque de Lyon «a pu être un peu imprudent parfois». «Mais je crois qu’il y a une sorte de harcèlement. Les médias font le procès des gens avant la justice», ajoutait-il.

Avant de poser une question curieuse à l’égard des victimes: «Je ne comprends pas pourquoi ils ont attendu si longtemps. A l’époque, ils disaient être les chouchous du père Preynat (mis en examen en janvier pour des agressions sexuelles sur des scouts il y a plus de 25 ans, ndlr), ils en étaient fiers. Alors est-ce que ces gamins étaient très normaux? Être fier quand on se fait peloter, ça me paraît curieux». Selon lui, «les parents auraient dû porter plainte».

Georges Favre, prêtre retraité, a de son côté répondu aux journalistes par une plaisanterie douteuse: «Ma position ? Je n’ai pas violé beaucoup d’enfants; je suis assez clean à ce sujet-là. Heureusement, parce que vous auriez pu en faire partie, comme vous êtes très jeunes les uns et autres», a-t-il lancé. Avant de poursuivre: «Finalement, c’est comme dans l’Éducation nationale, ça fait porter le soupçon sur toute une profession. Ça c’est regrettable, c’est un peu difficile à vivre».

"Pire venant d’un prêtre"

Selon un prêtre interrogé en amont, le clergé lyonnais est divisé par les «affaires» en cours: il y a d’un côté les «négationnistes» et de l’autre les «Savonarole», du nom de ce prédicateur italien qui dénonçait au XVe siècle la corruption morale des prélats romains.

Certains ont déjà pris position de façon assez ferme, comme le père Franck Gacogne de la paroisse Saint-Benoît à Bron. «La pédophilie, c’est moralement pire quand ça vient d’un prêtre (...) Oui, l’Évangile a été gravement trahi (...) Je n’ai que faire de la préservation de l’institution, elle n’a pas à être protégée à tout prix», a-t-il asséné dans le bulletin de sa paroisse du mois d’avril.

L'association "La Parole Libérée" : "Il y a une déresponsabilisation totale de Philippe Barbarin"

Les victimes, elles, ont tenté de s’inviter à cette «réunion d’information et d’échange» aux allures d’opération de communication.

L’association «La Parole Libérée» qui a permis de mettre à jour les agissements du père Preynat, la principale affaire qui secoue l’archevêché, avait envoyé une lettre aux prêtres du diocèse, leur demandant de se faire «les porte-parole des victimes silencieuses».

Pour François Devaux, un des fondateurs de l’association, «Barbarin essaie de rassembler autour de lui car ça sent le sapin» pour lui.

«Quand on voit ce qu’ont déclaré des prêtres (devant les caméras avant la rencontre lundi, ndlr) c’était comme si des collègues se retrouvaient et faisaient des blagues de pédophilie de bon ton», a déploré Alexandre Dussot, l’un des porte-paroles de l'association. 
«Le cardinal a reconnu des petites erreurs du diocèse et pas de lui ? Il y a une déresponsabilisation totale de Philippe Barbarin» a -t-il aussi vivement regretté.




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