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Jeune Servant De Messe Victime D’un Cure Lubrique

Tribune de Geneve
September 2, 2016

http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/jeune-servant-messe-victime-cure-lubrique/story/11337175

Le prevenu sur le banc des accuses. Derriere lui, son avocate, Me Florence Yersin. Plus loin, Me Lorella Bertani.

Durant son proces, il garde les mains jointes et les yeux fermes. Peut-etre qu’il prie? Le pretre de 75?ans qui comparait ce jeudi devant le Tribunal de police est accuse d’abus sexuels sur une personne dependante.

L’ete dernier, celui que nous appellerons Luc, un servant de messe de 17?ans, etait invite chez lui pour admirer des photos du pape… Le pretre en a profite pour l’embrasser et le caresser avant de lui prodiguer une fellation. Tetanise, le garcon a tout de meme ose dire: «Ce n’est pas dans l’Evangile!» A cette remarque, l’ecclesiastique a arrete ses agissements: «Ca m’a reveille, ca m’a bloque. J’ai compris que quelque chose ne jouait pas.»

Aujourd’hui, il affirme regretter. Il demande «humblement» pardon a l’adolescent qu’il a scandalise: «Mes mains faites pour benir ont servi a faire souffrir, ma bouche faite pour donner la bonne parole a servi a choquer. Je souhaite que Luc retrouve la paix du c?ur.» Malgre ces propos en forme de preche, il pinaille. Le doigt qui tente de penetrer dans l’anus? Il lui caressait simplement la fente entre les fesses. La fellation? «C’etait juste un baiser, une lechouille mais pas un acte complet jusqu’a ejaculation.»

Apres avoir demande le huis clos – requete rejetee par le tribunal – le pretre plaide l’acquittement. Le procureur s’en etonne. La juge egalement: «Durant l’enquete, vous avez admis avoir commis des actes graves, contraires au droit penal, lui rappelle la juge Isabelle Cuendet, et aujourd’hui vous plaidez l’acquittement?» Il ne voit pas le probleme.

Une vocation detruite

Le 20 aout 2015, la vie de Luc a bascule. «Je suis triste, fache, effondre, dit-il. On m’a enleve tout ce que j’aimais. L’Eglise et la passion que j’eprouvais pour elle, la force qu’elle me donnait, l’investissement. Je ne dors plus, je suis fatigue.» Le jeune homme en effet n’etait pas un servant de messe comme les autres. Il arrivait a l’eglise vingt a trente minutes avant le debut de la celebration, il discutait avec le prevenu de liturgie, de chants gregoriens. Il lui demandait des conseils et des informations sur son metier. Il voulait devenir pretre lui aussi, il avait la vocation. «Et vous ne l’avez plus?» s’enquiert la juge. «Non.» «Il a completement change, ajoute sa mere. Il souffre tous les jours.»

«Il est rare a notre epoque d’avoir la foi, plaide son avocate, Me Lorella Bertani. Luc avait cette foi qui vous soutient, vous remplit, vous construit. Il avait choisi de devenir pretre. Tout ce sur quoi il avait bati sa jeune vie a explose a cause du penchant d’un ecclesiastique pour les jeunes et beaux garcons.» Le procureur Grodecki reclame deux ans de prison avec sursis a l’encontre de ce cure «qui pourrait etre le grand-pere du plaignant. Ce dernier avait du respect pour son age, pour sa fonction. Le prevenu portait le col romain, l’habit liturgique au moment des faits. Il avait une autorite morale et spirituelle sur Luc. C’est le berger qui au lieu de guider ses agneaux decide de les devorer.»

Pas de lien de dependance

Me Florence Yersin plaide l’acquittement. Elle soutient qu’il n’y avait pas de relation de dependance entre son client et Luc. Ils se sont rencontres durant un an avant la messe. Soit 25 rencontres qui, selon ses calculs, representent environ huit heures: «Il faut plus de huit heures pour etablir un lien de dependance», affirme-t-elle.

Aujourd’hui, le pretre est suspendu de ses fonctions par l’eveque. Apres s’etre confesse a des collegues, il a disparu quelques jours. Inquietes, les autorites ecclesiastiques ont signale cette disparition a la police. En fouillant sa maison, les forces de l’ordre sont tombees sur une lettre dans laquelle il decrivait ses turpitudes tout en demandant pardon a Luc. C’est par ce biais qu’une enquete penale a ete ouverte. Verdict de cette affaire, demain vendredi. (TDG)

 

 

 

 

 




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