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France: 25 évêques accusés d'avoir 'couvert' des abus sexuels

By Maurice Page
Kath.ch (Suisse)
March 21, 2017

https://www.cath.ch/newsf/france-25-eveques-accuses-davoir-couvert-abus-sexuels/

[The French Catholic Church finds itself once again at the heart of revelations concerning cases of pedophilia. Since the 1960s no fewer than 25 bishops have ignored sexual assaults committed by their priests,reports a survey of the Mediapart website and TV Cash Investigation magazine . The Conference of French Bishops (CEF) denounces breaches of journalistic ethics of the program.]

L’Eglise catholique française se retrouve une nouvelle fois au coeur de révélations concernant des affaires de pédophilie. Depuis les années 1960, pas moins de 25 évêques auraient passé sous silence les agressions sexuelles commises par leurs prêtres, préférant les ‘exfiltrer’ de leur diocèse, rapporte une enquête du site Mediapart et du magazine TV Cash Investigation. La Conférence des évêques de France(CEF) dénonce des manquements à la déontologie journalistique de l’émission.

Les chiffres publiés attestent de la gravité du scandale: depuis les années 1960, 25 évêques, dont cinq sont toujours en exercice, auraient ‘couvert’ les abus commis par 32 prêtres sur 339 victimes dans 17 diocèses en France, mais aussi au Canada, en Suisse et en Guinée-Conakry. Parmi les victimes recensées, 288 étaient mineures au moment des faits. 165 seulement ont été entendues par la justice. La moitié des prêtres auraient commis leurs agressions après l’an 2000.

Non dénonciation d’agressions sexuelles

Mais plus encore que les faits, ce que dénonce l’enquête c’est surtout l’attitude des supérieurs de ces prêtres pédophiles évêques ou responsables religieux. Mediapart affirme que 28 des 32 prêtres accusés d’agressions sexuelles ont été ‘exfiltrés’ par leurs supérieurs, soit dans un autre diocèse, à l’étranger, notamment en Afrique, soit à l’inverse rapatriés en France, lorsque les faits ont été commis dans un autre pays. Aujourd’hui, la majorité des abuseurs ont été inquiétés par la justice, ou en tout cas visés par des plaintes, parfois closes en raison de la prescription. Selon Mediapart, l’an 2000 constitue une date charnière avec l’affaire Pican, premier évêque français condamné pour non-dénonciation d’atteintes sexuelles.

Parmi les 25 évêques accusés par l’enquête de non-dénonciation des abus sexuels dont ils auraient eu connaissance figure le cardinal Barbarin, non seulement dans le cas du Père Preynat, mais aussi de de quatre autres prêtres. Un évêque de Besançon est également accusé d’avoir été prévenu des agissements de l’un de ses prêtres. Même chose à Bayonne, où les faits signalés par une famille n’ont été traduits en justice que sept ans plus tard, sans son intervention. Au Mans, en 2010, l’évêque aurait reçu un courrier dénonçant une agression sexuelle, sans réagir. En 2015, la justice a été saisie d’une dizaine de cas. Enfin, le cinquième évêque, le Suisse, Bernard Fellay, supérieur des traditionalistes de la Fraternité schismatique Saint-Pie-X, aurait été alerté de faits d’agressions sexuelles commises par l’un de ses prêtres, sans en avertir la justice. Les vingt autres évêques mis en cause ne sont plus en poste à ce jour, ou sont décédés.

Les évêques dénoncent le manque de déontologie journalistique

A la veille de la diffusion sur France 2 de l’émission Cash Investigation, la Conférence des évêques de France a dénoncé dans un communiqué le manque de déontologie journalistique de cette émission “plus préoccupée d’accuser que d’expliquer”. Raison pour laquelle, elle a décliné l’invitation faite à un représentant officiel de l’Église de participer à l’enregistrement du débat qui suivra le documentaire. “La CEF, soucieuse de participer à la vérité tout autant que de travailler à la lutte contre la pédophilie, considère, dans ces conditions, ne pas pouvoir faire valoir la vérité des faits et les mesures prises depuis un an”, relève le communiqué.

“Nous savons très bien que cela pourra nous être reproché. Sur le fond, nous sommes d’accord sur l’investigation menée sur les agissements de certains prêtres ou évêques, mais pas dans ces conditions : nous estimons que la méthode n’a pas été franche et nous sommes choqués que de tels procédés puissent être menés dans des émissions du service public,” a commenté, dans le quotidien catholique La Croix, Vincent Neymon, porte-parole adjoint de la CEF.

Répondre de ses actes

“Si Cash investigation donne la parole à de nombreux responsables d’Église, souvent de manière agressive, certains refusent de répondre, d’autres semblent mal à l’aise, non préparés, quand ils ne reportent pas les responsabilités sur d’autres”, explique Céline Hoyau dans un éditorial du journal La Croix. “Au-delà de ses méthodes musclées et de ses raccourcis, ce documentaire a pour mérite de confronter les responsables d’Église à la question de savoir si un prêtre qui a agressé des mineurs, même quand les faits sont prescrits ou situés dans une province reculée du Cameroun, doit répondre de ses crimes et tenter de réparer l’irréparable… La réponse de certains ne semble pas encore évidente”, conclut l’éditorialiste. (cath.ch/cx/ag/mp)


L’Eglise de France poursuit sa lutte contre la pédophilie

En janvier dernier, la Conférence des évêques de France (CEF) a publié la troisième édition du guide Lutter contre la pédophilie. La CEF a également renouvelé une enquête quantitative auprès des évêques. Ce travail de terrain a permis de recenser les témoignages des victimes d’abus sexuels.

La 3e édition du guide a été envoyée largement aux évêques, aux présidents de mouvements et associations, aux référents sur les questions de pédophilie des diocèses, à l’enseignement catholique, aux réseaux de la pastorale jeune, de la pastorale familiale, de la catéchèse et à la CORREF (Conférence des Religieux et Religieuses de France).

“La promotion et la diffusion de cet ouvrage s’inscrivent dans les mesures prises pour faire de l’Eglise, un lieu sûr pour les enfants et les jeunes”, explique la CEF. Cet ouvrage doit permettre, dans les différents lieux d’Eglise, de former les acteurs de terrain “à la vigilance et à la juste posture educative”.




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