BishopAccountability.org

Abus sexuels à Arthez d'Asson : le procés de l'abbé et de l'évêque débute à Orléans

La Republique des Pyrenees
October 30, 2018

http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2018/10/30/abus-sexuels-a-arthez-d-asson-le-proces-de-l-abbe-et-de-l-eveque-debute-a-orleans,2455557.php


[Sexual abuse at Arthez d'Asson: the trial of the abbot and the bishop begins in Orleans]

25 ans après les faits qui se seraient déroulés lors d'un camp de scouts à Arthez d'Asson, le procès de l'abbé Pierre de Castelet, accusé d'actes de pédophilie sur mineur, démarre ce mardi à Orléans.

Vingt-cinq ans après les faits, l'abbé Pierre de Castelet, accusé d'actes de pédophilie sur mineurs, et l'ancien évêque d'Orléans, Mgr André Fort, poursuivi pour non-dénonciation, comparaissent ensemble ce mardi devant le tribunal correctionnel. 

Le renvoi d'un évêque devant la justice est exceptionnel. Lors d'un précédent procès en 2001, l'évêque de Bayeux, Mgr Pierre Pican, avait été condamné à 3 mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d'actes pédophiles. Ce procès intervient à quelques jours de la Conférence des évêques de France (CEF) à Lourdes où sera abordée la douloureuse question des abus sexuels dans l'Église.

Il est reproché à l'abbé Pierre de Castelet, 69 ans, des attouchements sur des mineurs de 15 ans lors d'un camp organisé par le Mouvement eucharistique des jeunes pendant l'été 1993 à Arthez d'Asson.  Quinze ans plus tard, en 2008, l'un des participants au camp, Olivier Savignac, décidait d'adresser une lettre à l'évêché dans laquelle il affirmait avoir été victime d'attouchements de la part de l'abbé.

Il s'était octroyé un rôle de médecin

D'après l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, le prêtre s'était octroyé le rôle de médecin « afin de pouvoir examiner le corps des mineurs, surtout au niveau génital, et commettre des attouchements sexuels qui étaient déguisés comme des actes médicaux ». Il est question aussi de « stratégies » mises en place pour se retrouver seul avec des garçons au cours d'une promenade ou d'une baignade.

La victime qui a alerté l'évêché, un jeune homme âgé de 13 ans au moment des abus dénoncés, était pourtant sortie du silence après avoir découvert que Pierre de Castelet encadrait toujours des séjours de Scouts d'Europe. En 2011, alors que l'abbé participe à une conférence sur la pédophilie dans l'Église, une nouvelle démarche est entreprise. Cette fois, le nouvel évêque d'Orléans, Mgr Jacques Blaquart, effectue un signalement auprès du parquet.

Depuis la mise en examen de l'abbé Pierre de Castelet en 2012, une dizaine de victimes auraient été identifiées. Mgr André Fort avait quant à lui été mis en examen le 8 juin 2017. Selon La Croix, l'enquête a révélé qu'il avait « préféré préserver la réputation et l'image de l'Église ».

Mgr Fort, en charge du diocèse d'Orléans de 2002 à 2010, n'avait pas transmis la lettre à la justice et s'était contenté d'éloigner le prêtre de tout contact avec les jeunes. Ce n'est qu'après l'arrivée du nouvel évêque, Jacques Blaquart, que la justice sera saisie.

Un procès pour "tourner la page"

Dans un entretien à l'hebdomadaire La Vie, Olivier Savignac dit avoir "attendu ce procès très longtemps". "Avec les autres parties civiles, nous ne demandons ni la prison ni des sommes exorbitantes (...) Nous souhaitons la légitimité et la reconnaissance du statut de victime pour pouvoir tourner la page", explique-t-il.

Trois victimes présumées se sont constituées parties civiles.  Pour Me Edmond-Claude Frety, leur défenseur, cette affaire a d'abord dû traverser "un long tunnel judiciaire". Mgr Blaquart, relève Me Frety, a mis un terme, en saisissant la justice, à "une gestion interne" de ces faits au sein de l'Église, laquelle "fait peser sur les épaules des victimes le secret de leurs propres souffrances".

"Nous n'avons pas peur de regarder ce qui s'est passé", assurait début octobre Mgr Georges Pontier, président de la CEF.
Deux récents suicides de prêtres ont ému la communauté catholique. Le 18 septembre, un prêtre du diocèse de Rouen, Jean-Baptiste Sèbe, 38 ans, s'est pendu dans son église. Il était mis en cause par la mère d'une jeune femme majeure, qui n'avait pas porté plainte, pour des "gestes inappropriés", selon les termes de l'archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun.

Le 20 octobre, un prêtre de Gien (Loiret), le père Pierre-Yves Fumery, lui aussi âgé de 38 ans, a été découvert pendu dans son presbytère. Il était visé par une enquête pour "suspicion d'agression sexuelle" sur mineur de moins de 15 ans.

Dans un bilan publié en janvier 2017 et qu'elle doit actualiser cette semaine, la Conférence des évêques évoquait le nombre de 70 religieux, sur les 15.000 prêtres et diacres présents en France, mis en examen ou condamnés pour pédophilie.

 




.


Any original material on these pages is copyright © BishopAccountability.org 2004. Reproduce freely with attribution.