L’ex-évêque de Créteil Michel Santier sanctionné pour des abus par le Vatican

CRéTEIL (FRANCE)
Le HuffPost [Paris, France]

October 15, 2022

By Le HuffPost avec AFP

L’ecclésiastique, qui a démissionné en 2020, a reconnu avoir commis des faits de voyeurisme sur deux adultes dans les années 1990, en marge d’un accompagnement spirituel. Par Le HuffPost avec AFP

La sanction date d’il y a un an, et elle aurait pu passer inaperçue sans des révélations dans la presse. L’ex-évêque de Créteil Michel Santier a été sanctionné en 2021 par le Vatican pour des faits de voyeurisme sur deux personnes majeures dans les années 1990 dans le cadre d’une formation spirituelle. Des faits qu’il a depuis reconnus.

Parti à la retraite en 2021, l’ecclésiastique « a été sanctionné il y a un an par Rome pour des abus spirituels ayant mené à du voyeurisme sur deux hommes majeurs », a déclaré vendredi 14 octobre au soir à l’AFP l’entourage de monseigneur Dominique Blanchet, évêque qui lui a succédé l’an dernier.

Les faits se sont déroulés « dans les années 1990 », a précisé Dominique Blanchet, qui est par ailleurs vice-président de la Conférence des évêques de France (CEF), dans un communiqué paru dans la soirée sur le site de son diocèse, confirmant des informations révélées un peu plus tôt par l’hebdomadaire Famille Chrétienne.

Des victimes qui n’ont pas souhaité porter plainte

Ils ont été commis dans le cadre d’un accompagnement spirituel, selon son entourage. Les deux victimes n’ont pas souhaité porter plainte, ajoute cette même source. Lorsque les faits se sont produits, Michel Santier était prêtre à Coutances, dans la Manche, et directeur de l’École de la foi, une école de formation à la prière d’une année pour les jeunes de 18 à 30 ans.

Les victimes s’étaient manifestées auprès des autorités ecclésiales au cours de l’année 2019, indique Famille Chrétienne sur son site internet. Un dossier de signalement a été adressé à Rome en décembre 2019 par monseigneur Michel Aupetit, archevêque de Paris et responsable de la province dont fait partie le diocèse de Créteil.

Or monseigneur Aupetit aurait semble-t-il préféré que cette affaire reste traitée en coulisse, sans être rendue publique. Dans un tweet, il s’est ainsi demandé au sujet, apparemment, des révélations dans la presse : « Pourquoi de si nombreuses personnes aiment fouiller dans les poubelles ? 

Après le déclenchement de la procédure, Michel Santier « a présenté sa démission, dans une lettre dans laquelle il évoque les faits qui lui sont reprochés, et qu’il reconnaît », selon l’entourage de son successeur. L’ecclésiastique a ainsi démissionné un peu plus de deux ans avant l’âge légal requis par le Vatican (75 ans) pour qu’un évêque soit autorisé à demander sa retraite.

Le contexte de l’après rapport Sauvé

Selon l’évêque de Coutances, Laurent Le Boulc’h, dans un communiqué vendredi, l’ex-évêque de Créteil assure un « ministère restreint ». En clair, il doit « mener une vie de prière et de pénitence » et vit à l’écart, dans une communauté religieuse, selon l’entourage de Dominique Blanchet. Il s’agit de l’abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte, toujours dans la Manche, où il exerce notamment la fonction d’aumônier. Il ne lui est pas interdit de célébrer la messe auprès de cette communauté.

Dans leurs communiqués, mgrs Blanchet et Le Boulc’h ont chacun assuré les victimes de leur « compassion ».

En octobre 2021, l’Église catholique de France a été secouée par la parution du rapport choc de la Commission Sauvé qui a documenté l’ampleur de la pédocriminalité au sein de l’institution ces 70 dernières années. Ce rapport a aussi dénoncé les agressions sexuelles subies par les religieuses, majeures mais plus facilement sujettes aux abus de pouvoir, spirituel ou sexuel, du fait de leur isolement. À Lourdes, en novembre 2021, l’épiscopat avait reconnu sa « responsabilité institutionnelle » ainsi que le caractère « systémique » de ces violences.

https://www.huffingtonpost.fr/france/article/l-ex-eveque-de-creteil-michel-santier-sanctionne-pour-des-abus-par-le-vatican_209007.html