Deux évêques visés par des nouvelles allégations d’agressions sexuelles

QUéBEC CITY (CANADA)
La Presse [Montreal, Quebec, Canada]

December 1, 2022

By Émilie Bilodeau

De nouvelles victimes s’ajoutent aux actions collectives contre le Diocèse de Québec et celui de Trois-Rivières. L’actuel évêque de Baie-Comeau, Jean-Pierre Blais, et un membre de l’Ordre national du Québec, Claude Thompson, font partie des personnes visées par les nouvelles allégations d’agressions sexuelles.

Au total, 134 victimes affirment avoir été agressées par une centaine de prêtres ou de membres du Diocèse de Québec et 43 victimes ont porté plainte contre une vingtaine de prêtres ou de membres du Diocèse de Trois-Rivières.

Lisez « Le Diocèse de Trois-Rivières est visé par une action collective »

Le cabinet Arsenault Dufresne Wee Avocats a déposé, jeudi, une liste anonymisée de ces victimes à la Cour. Elles étaient âgées de 4 à 46 ans au moment où les agressions auraient été commises, mais elles étaient mineures dans la très grande majorité des cas. Les victimes auraient été soumises à des attouchements, des fellations, des pénétrations ou des séances de masturbation, selon le document transmis aux médias. Les actes se seraient produits de 1942 jusqu’à 2018.

L’actuel évêque de Baie-Comeau, Jean-Pierre Blais, fait partie des personnes visées par les nouvelles accusations. Sa victime avait 12 ans lorsqu’elle aurait été agressée (attouchements et masturbation) au presbytère de Charny, entre 1973 et 1975.

« Dans le cas de Jean-Pierre Blais, sa victime n’avait plus de père. Il était décédé ou il était parti. C’est le genre d’histoire que l’on voit régulièrement dans nos dossiers », explique MAlain Arsenault, qui représente les victimes.

Beaucoup de victimes d’agressions sexuelles par des religieux étaient dans une situation de vulnérabilité. Elles avaient perdu un ou deux parents ou étaient en hébergement à cause d’une situation difficile. C’est la réalité de beaucoup de nos dossiers.

MAlain Arsenault

Le Diocèse de Québec n’a pas confirmé si l’évêque Jean-Pierre Blais serait suspendu de son poste à la suite de ces accusations. « Lorsque des allégations visent un évêque en exercice, c’est le protocole international Vos estis lux mundi qui est appliqué », a d’abord répondu Valérie Roberge-Dion, directrice des communications de l’organisation. « Il n’y a pas de suspension automatique dans le cas d’un évêque, la procédure compte des étapes différentes », a-t-elle ajouté lorsque La Presse lui a demandé des précisions.

« Les dirigeants et les membres de l’Église catholique de Québec condamnent fermement toute conduite qui porte atteinte à la dignité humaine », a également affirmé Mme Roberge-Dion.

Une figure connue de Trois-Rivières aussi visée

Claude Thompson, fondateur de l’école des Petits Chanteurs de Trois-Rivières, fait également partie des personnes visées par de nouvelles allégations d’agressions sexuelles. Le prélat a été nommé chevalier de l’Ordre national du Québec en 1995, la plus haute distinction décernée par le gouvernement. Il est mort en 2013.

Le prêtre est accusé d’attouchements et de masturbation sur un enfant de 11 ans. Les faits qui lui sont reprochés seraient survenus à l’école des Petits Chanteurs de Trois-Rivières, entre 1981 et 1983.

Le Secrétariat de l’Ordre national a confirmé avoir pris connaissance de ces nouvelles dénonciations. La Loi sur l’Ordre national du Québec prévoit d’ailleurs la possibilité, pour le gouvernement, de radier un membre de l’Ordre, a expliqué le ministère du Conseil exécutif, par courriel. « Il appartient au Conseil de l’Ordre national du Québec, un conseil indépendant formé de 9 personnes, de se réunir pour étudier les situations particulières, dont les possibilités de radiation. Les discussions tenues par le conseil sont confidentielles », indique le courriel transmis à La Presse.

Clément Fecteau, ancien évêque auxiliaire de Québec et évêque de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, s’est également ajouté à la liste des personnes accusées d’agressions sexuelles, jeudi. On lui reproche des attouchements et de l’exhibitionnisme auprès d’un enfant de 13 ans, en 1987, dans le vestiaire sportif du Séminaire de Québec et dans un boisé. Clément Fecteau est mort en 2017.

Quand le nom d’un agresseur sort publiquement, d’autres victimes appellent pour dire “moi aussi”. C’est un phénomène que l’on voit régulièrement. Je m’attends à ce que d’autres victimes nous contactent.

MAlain Arsenault

Le nom du cardinal Marc Ouellet figure d’ailleurs sur cette liste d’agresseurs dénoncés, comme on l’a appris au mois d’août lors du dépôt de la requête introductive d’instance en Cour. Une ancienne stagiaire en pastorale affirme avoir subi des attouchements, entre 2008 et 2010, de la part de celui qui était alors archevêque de Québec. Le cardinal et actuel préfet de la Congrégation pour les évêques a toutefois nié ces accusations.

Rappelons que c’est l’animateur de radio Dominic Maurais qui est à l’origine de la demande d’action collective puisqu’il aurait lui-même été victime d’attouchements sexuels de la part de l’abbé Bernard St-Onge, à la fin des années 1970. Ce dernier était l’aumônier du mouvement scout à Shawinigan, à l’époque. Les actions collectives contre le Diocèse de Québec et le Diocèse de Trois-Rivières ont été autorisées en mai et juin 2022.

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