MONTREAL (CANADA)
Présence [Montreal, Canada]
January 13, 2023
L’agente de pastorale F. dévoile son identité
L’agente de pastorale connue comme « F. » a décidé de quitter l’anonymat. Celle qui a témoigné d’attouchements de nature sexuelle non consentis de la part du cardinal Marc Ouellet, dans un recours collectif contre l’archidiocèse de Québec, est maintenant poursuivie par le cardinal, préfet du dicastère pour les évêques. Présence publie sa déclaration complète.
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Voilà plus de deux ans que je me bats contre une institution qui, à coup de menaces et d’intimidation, tente de me faire taire. Après avoir essayé les processus de dénonciation internes du diocèse de Québec et du Vatican, je me suis tournée, à bout de ressources, vers la justice civile.
J’ai conservé mon anonymat jusqu’à aujourd’hui pour protéger mes proches, ma famille, mon emploi et aussi, pour préserver ma santé qui a été mise à rude épreuve par toutes les démarches.
Ce combat je le fais pour moi mais aussi pour toutes les victimes du clergé qui depuis des décennies cherchent à être entendues et reconnues.
C’est aussi le combat de tous les chrétiens et chrétiennes qui ont mal à leur Église et qui souhaitent la voir s’épurer des abus de toutes sortes afin qu’elle retrouve sa pertinence et sa crédibilité pour le monde à travers ses fondements évangéliques d’accueil inconditionnel, d’égalité, de vérité, de non-jugement et de justice.
Notre monde a besoin d’espoir et d’amour. J’ai besoin de croire en quelque chose de plus grand que l’humain.
Ce combat, je le mène pour retrouver ma dignité qui m’a été arrachée mais aussi et surtout parce que je suis membre et représentante de cette Église et que je crois encore en sa pertinence.
Je mène ce combat car je veux être fière de mon institution. Je rêve de la voir se porter à la défense des plus faibles, des appauvris, des blessés.
Je souhaite que l’Église soit capable de reconnaître ses propres pauvretés plutôt que de les cacher.
J’aimerais la voir affronter les abus plutôt que de les nier, l’entendre accueillir toute personne qui se dit victime avec des mécanismes neutres, impartiaux, indépendants, rigoureux et professionnels.
Que l’on soit enfant ou adulte, membres des peuples autochtones et des Premières Nations, homme, femme ou avec une autre identité de genre, qu’on soit affecté par un problème de santé mentale ou physique, toutes et tous nous avons droit à un processus de traitement des plaintes qui soit rigoureux et juste.
C’est notre devoir comme citoyens, comme croyants, comme croyantes, et aussi comme non croyants, d’exiger plus de justice et de transparence.
Je vous invite à réclamer des changements immédiats, à exiger que le Vatican et les diocèses modifient leur propre protocole et collaborent ouvertement et dans la transparence avec les victimes et leurs représentants.
Je ne suis plus F.
Je suis Paméla Groleau.